À Jérusalem commence la vie de l’Église naissante (Ac 1, 12 – 14)
Ça y est ! Jésus est monté au ciel et les Apôtres se retrouvent seuls. Lui qui les rassemblait n’est plus avec eux. Il est monté au ciel, au milieu des chants de joie et règne désormais auprès du Père. Ceci s’est passé quarante jours après Pâques. L’évangéliste Luc, également auteur du livre des Actes des Apôtres, est le seul à nous donner cette précision des quarante jours et de celle de la promesse du Père à Jérusalem (Ac 1, 3.4). Pour Luc, Jérusalem est le centre prédestiné de l’œuvre du salut (Lc 2, 22s et 38), le point d’achèvement de la mission terrestre de Jésus (Lc 24, 33s), et le point de départ de la mission universelle des Apôtres (Lc 24, 47 ; Ac 1, 8).
Ce n’est pas pour rien que Luc met un accent sur Jérusalem. Pour lui, c’est là que s’accomplit le dessein de Dieu. Là, le Fils a été glorifié, là a été renouée l’Alliance entre Dieu et l’humanité, là est donné l’Esprit. Son évangile se termine sur cette dernière consigne de Jésus : « Et voici que moi, je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis. Vous donc, demeurez dans la ville jusqu’à ce que vous soyez revêtus de la force d’en-haut » (Lc 24, 49). C’est dans la ville sainte, donc, que commence la vie de l’Église naissante. Dans la première lecture de ce septième dimanche de Pâques, Luc énumère ceux qui composent le groupe : les Onze, quelques femmes, Marie, mère de Jésus, et quelques membres de sa famille. Là encore, les précisions ne sont certainement pas là pour l’anecdote : nous retrouvons les noms des Apôtres déjà cités dans l’évangile (Lc 6, 12 – 16 et Ac 1, 13). Luc veut ainsi marquer la continuité dans la communauté des Apôtres : ce sont les mêmes qui ont accompagné Jésus tout au long de sa vie terrestre, qui maintenant s’engagent dans la mission. Et ils ne pourront être les témoins de la Résurrection que parce qu’ils ont été témoins de la vie, de la Passion et de la mort de Jésus.
Nous retrouvons donc le groupe que Jésus avait choisi avec ses diversités étonnantes qui allaient d’un zélote (on dirait un résistant) à un publicain (autrement dit, un collaborateur) en passant par les pêcheurs du bord du lac… C’est sur cette communauté d’hommes, considérés tels qu’ils sont, que repose désormais l’annonce de la Bonne Nouvelle, sans compter les quelques femmes associées au groupe. Et elle commence cette vie de l’Église dans la prière, « d’un seul cœur et fidèlement », nous dit Luc dans les Actes des Apôtres (1, 14). Et voilà peut-être bien le premier miracle des Apôtres ! Cette prière d’un seul cœur au moment où leur Maître les quitte, où ils se retrouvent apparemment livrés à eux-mêmes et à leurs diversités qui auraient bien pu devenir des divergences.
Mais ils ne sont livrés à eux-mêmes qu’apparemment ! Si Jésus est désormais invisible, il n’est pas pour autant absent. Nous le lisons dans la finale de l’évangile de Matthieu : « Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde » (28, 20). Voilà peut-être bien une phrase qui peut éclairer ce qu’est la prière : on ne prie pas pour que Jésus se fasse proche, car il est proche de nous à chaque instant ; mais on prie pour se replonger dans sa présence.
Seigneur, toi qui es vivant en nos cœurs éclaire nos prières et nos actions. Fais de nous les témoins de ta vérité. Que ton Esprit de fidélité nous aide à comprendre que la diversité dans nos groupes humains est une source de richesse pour bâtir un monde nouveau et uni où règnent la cohésion, la solidarité, la justice et la paix. Amen !
Bonne semaine de prière à l’Esprit Saint.
Père Félix Zannou HOUESSOU