Savoir prendre le temps pour tenir bon en cette période de confinement
Notre pays est en état d’urgence sanitaire. Nous sommes tous, sans exception, en guerre contre le CORONAVIRUS, a encore affirmé notre Président Emmanuel Macron ce 25 mars à Mulhouse. C’est la bataille sans une arme à feu contre le COVID-19, en luttant fort contre la propagation de l’ennemi invisible. Le pire des drames pendant la guerre, je crois, c’est de ne pas savoir où se cache l’ennemi. Ce type de guerre auquel nous sommes confrontés est à l’image de notre temps où la virtualité gagne du terrain. Pour l’instant, l’heure n’est pas à faire des analyses subjectives. Le temps de bataille qui nous est proposé par notre Gouvernement, c’est celui du confinement et de la mise en pratique « d’un certain nombre de recommandations qui vont dans le sens d’un renforcement des mesures qui touchent à notre vie sociale », a dit le Premier Ministre Édouard Philippe, le 14 mars dernier.
Devant ce mal de COVID-19 qui s’est vite mondialisé, tous les continents étant presque touchés, nous avons besoin humainement de tenir la route. J’ai la certitude que chacune, chacun fait des efforts à son niveau, en famille, ou parfois seul. Comme croyant, je viens partager avec vous quelques mots d’encouragement, de réconfort, de confiance et d’espérance, en cette période de grand isolement.
Chers paroissiens, paroissiennes de notre doyenné de Rouffach, hommes et femmes de bonne volonté où que vous soyez, je nous appelle tous à nous montrer « légitimistes », comme le dit Anne Lécu, religieuse dominicaine et médecin en prison. Faire ce que l’on nous demande de faire est sans doute le plus grand service que nous pouvons nous rendre mutuellement, au nom du bien commun. Agissons ensemble dans la même direction. Cela est aussi vrai dans l’Église.
Sur le plan de l’Église, nous apprécions les réactions de nos responsables qui assument leur part et acceptent que la vie liturgique de leur diocèse soit chamboulée, avec notamment la fermeture d’églises, au nom de ce même légitimisme. Même les évêques du Bénin, mon pays d’origine, ont écrit le 19 mars dernier, dans ce sens de légitimisme, un message au peuple fidèle au sujet des mesures à prendre pour endiguer le COVID – 19 : « De la peste maléfique, délivre-nous Seigneur ». À nous maintenant de trouver du sens à tout cela. Je réalise à quel point ce qui va nous manquer pendant ce temps de carême et au-delà, ce n’est pas d’abord la communion au Corps du Christ, mais le rassemblement ecclésial, nos assemblées dominicales, lors desquels ensemble, en communauté, nous goûtions à la Parole de Dieu et nous communions au Corps du Christ. L’isolement imposé nous fait réaliser que l’Église est une communion, et je trouve que l’occasion est propice pour penser à tous ceux qui sont ordinairement éloignés de la communion, parce qu’ils sont malades et isolés, ou parce que la discipline de l’Église leur demande de ne pas communier. Notre solitude imposée par ce temps de carême, et sans doute même pour les fêtes pascales, nous oblige à prendre conscience que nous ne sommes pas seulement chrétiens pour nous, mais aussi pour les autres, pour le monde. Lorsque nous célébrons l’Eucharistie, lorsque nous communions au Corps livré du Christ, nous le faisons également pour ceux qui ne sont pas là, car le Corps du Seigneur est livré pour la multitude. Alors, désormais confinés, il nous faut croire que nous sommes associés à ce mystère, avec ceux qui peuvent célébrer, car ils célèbrent pour nous. Nous vos prêtres du doyenné, nous nous organisons dans ce sens. Personnellement, je respecte strictement les heures de messes communautaires en semaine et le week-end dans les quatre paroisses de la Vallée Noble, en célébrant seul au presbytère de Soultzmatt. Ainsi, je rejoins les fidèles, les habitants du village et l’autorité civile, les malades, le corps médical et toutes les personnes dévouées qui donnent de leur temps, de leur fatigue pour les autres.
Pour terminer, je me permets ces quatre petits conseils sur la façon de « prendre le temps » pour tenir seul(e) ou en famille, pendant ce temps incertain de confinement :
- Prendre le temps de veiller sur soi ou de porter une attention à l’autre, car mon existence, son existence est un cadeau ;
- Prendre le temps de lire la Bible, d’écouter la Parole de Dieu, de la partager quand c’est possible avec nos proches ;
- Prendre le temps de nous asseoir et de prier, pour ceux qui ne le peuvent pas, pour les malades, pour les SDF les oubliés du virus, pour ce monde bouleversé et bouleversant, pour que Dieu nous guérisse afin de retrouver une harmonie qui nous permet de pouvoir nous adapter à nouveau, c’est-à-dire vivre, vivre en paix avec nous-mêmes, avec les autres, avec Dieu. Nous retrouverons alors le sens de notre existence et cela va nous faire relativiser bien des événements. Que d’angoisses du lendemain tombent devant cette prise de conscience !
- Enfin, prendre le temps d’organiser du rangement dans nos maisons. Le temps y convient. Nous en serons certainement fiers après le confinement.
Chers fidèles et amis de notre doyenné, soutenons-nous mutuellement en ce temps d’épreuves et unissons-nous par la prière en cherchant la main de Dieu comme un aveugle cherche une main secourable.
Père Félix Zannou HOUESSOU