Église Sainte Colombe
XIe – XIVe siècles
L’église est dédiée à Sainte Colombe (citée dès 1286) et doit son origine à une fondation franque. Au début du 14e siècle, le droit de collation ainsi que la dîme sont aux mains du Chevalier Conrad Schaler de Benken (Suisse), puis de son fils Conrad (1324/1366). Les nobles de Rotberg en sont pourvus ensuite. Vers 1470, ce droit passe au chapitre de la cathédrale de Bâle. Les Chapelles de Ste Marie «in ecclesia» et «extra ecclesiam» sont signalées en 1302 .
En 1414, le Clergé de Hattstatt comprend un recteur et son vicaire, les 4 chapelains de la bienheureuse Vierge Marie, de St Blaise, de St Germain et de Ste Catherine.
En 1488, une convention au sujet de la dîme est passée entre les chapitres des Cathédrales de Bâle et de Strasbourg d’une part, et l’Abbaye de Marbach d’autre part. Le 2 décembre 1705, l’évêque auxiliaire de Bâle, Jean-Christophe Haus, consacre les deux autels (de la bienheureuse Vierge Marie et St Sébastien) ainsi que de Ste Colombe.
Le bâtiment actuel date pour ses parties les plus anciennes de la 1re moitié du 11e siècle. Le plan montre une nef centrale flanquée de bas-côtés avec un clocher porche à l’ouest et un chœur polygonal d’époque plus tardive à l’est (15e siècle).
L’intérieur est divisé en 5 travées dont les 4 vers l’arrière reposent sur des piliers alternés de section ronde ou octogonale, munis de chapiteaux cubiques.
La grande travée précédant le chœur marque la scission entre la partie romane et la partie ogivale. Seul le chœur est voûté.
Les murs des bas-côtés ont été remaniés et exhaussés et portent le toit unique tardif recouvrant l’édifice.
Le clocher massif dans sa base (11e siècle) est voûté en berceau et a été fortement remanié dans sa partie supérieure (18e et 19e siècles).
À l’intérieur de l’église, les fonds baptismaux aux armes des chevaliers de Hattstatt, dans la 2e partie du bas-côté nord, espace réaménagé au niveau primitif de l’église et qui permet de se représenter le volume initial de l’édifice.
Une petite fresque représentant l’arbre de Jesse (11e siècle) est également découverte en 1926 et dans le chœur, un custode, au double écusson des chevaliers de Hattstatt.
Son ancienne porte en fer forgé aux armes des chevaliers de Ribeaupierre a été vendue en 1868 au musée Unterlinden de Colmar.
L’ancien maître autel, actuellement dans le bas côté sud, provient du Couvent Unterlinden (17e siècle). Il est décoré de statues représentant des saints dominicains.
Peintures et dorures sont modernes.
Vouée au culte de la Raison durant la période révolutionnaire, l’église fut dotée de 3 cloches en 1812.
En 1860, 4 nouvelles cloches furent acquises par la commune.
Légende de Sainte Colombe
Colombe est née en Espagne en 258. Elle était la fille d’un prince de Saragosse. Elle quitta ses parents à l’âge de 16 ans pour devenir chrétienne et reçut le baptême près de Vienne dans le Dauphiné.
Colombe se rendit alors à Sens où elle arriva en 274 et où séjournait à l’empereur romain Lucius Domicius Aurelianus, plus connu sous le nom d’Aurélien (214-275) et souvent surnommé le ‘Restaurateur du Monde’ en raison de ses activités de reconquête de l’Empire Romain démembré par les Barbares.
Afin de restaurer les cultes romains, Aurélien se mit à persécuter les chrétiens. Arrivé à Sens le jour de la Noël, Aurélien apprit qu’une princesse espagnole chrétienne se trouvait dans la ville. Il la fit venir et, lors d’un très long dialogue, essaya d’ébranler sa foi. Il lui proposa même en mariage son propre fils, Aurelius, si elle abdiquait sa foi. Ayant échoué, il la fit jeter au cachot dans le quartier des prostituées de l’amphithéâtre.
Sainte Colombe subit alors les avances du jeune Barusas (Barusa ou Baruca), un mécréant de passage. Colombe le menaça des peines éternelles. Soudain, une ourse s’échappa des caves de l’amphithéâtre où on la maintenait prisonnière et étendit à terre l’infame Barusas. L’ourse regarde alors Colombe pour lui demander ce qu’il faut faire. Colombe lui ordonne de lâcher sa victime. L’ourse se retire pour aller bloquer la porte afin d’empêcher sa fuite ou la venue d’une aide quelconque.
Colombe sermonna alors Barusas :
‘Tu vois l’effet d’un appel au Christ ! Regarde cette bête qui, sur l’ordre de son Créateur, est venue du fond des forêts pour me défendre et m’éviter la souillure que tu voulais m’infliger Elle qui par nature est sans raison et obéit aux commandements de son Créateur, tandis que toi qui a été créé raisonnable, tu restes étranger à la connaissance du Christ. Deviens chrétien. Si tu refuses, je lui donne la permission de te dévorer’
Barusas, terrorisé, accepte la proposition de Colombe et reconnaît l’existence de son Dieu. L’ourse le laisse alors sortir.
Aurélien envoie alors des soldats chercher Colombe, mais l’ourse ne les laisse pas approcher. L’empereur ordonne alors de mettre le feu à la prison afin de faire périr Colombe et son ourse. La bête est effrayée par les flammes, mais Colombe la rassure et la renvoie dans sa tanière en lui faisant la promesse qu’elle aura la vie sauve. Un nuage arrive alors d’Afrique, crève au-dessus de la prison et éteint l’incendie.
Aurélien, impressionné par ce qu’il croit être de la magie, interroge de nouveau Colombe qui lui certifie qu’elle ne connaît que le Christ. L’empereur irrité la condamne alors à être décapitée à l’extérieur de la ville. Colombe lui fixe rendez-vous au jugement de Dieu. Arrivée sur les lieux du supplice, Colombe donne son écharpe au bourreau qui, en échange, la laisse prier quelques instants. Une voix se fait alors entendre :
‘Viens, Colombe, les cieux te sont ouverts et le choeur des habitants du ciel, avec celui des vierges s’avance joyeusement à ta rencontre. Le Fils de Dieu se tient debout avec la couronne d’éternité qui t’est préparée. Que les anges te reçoivent et te conduisent dans la Sainte cité céleste de Jérusalem… Viens ma Colombe ! L’hiver a passé pour toi. Viens jouir près de moi du printemps éternel !
Ces trois miracles successifs attestèrent que Colombe était bien sous la protection divine. Le ciel lui étant alors ouvert, Sainte Colombe périt entre les mains des soldats impériaux.
L’empereur Aurélien assista à son enterrement.